Ce dimanche 16 novembre, nous accueillons le Trio T.I.M, lauréat du tremplin européen Jazz With initié par le réseau AJC – Jazz. Derrière les instruments et les micros, on retrouve Sébatien Pallis (piano, synthétiseurs), Karoline Wallace (voix) et Inger Hannisdal (violon traditionnel Hardinger Fiddle). Leur répertoire de musiques douces, qui mêle folklore norvégien, musique contemporaine et musique improvisée, est une invitation pour petits et grands à s’émerveiller. À l’occasion de ce premier TEA JAZZ de la saison, nous vous proposons d’en découvrir plus sur ce trio au travers d’un entretien mené avec Sébastien Pallis.
Peux-tu te présenter à notre public ? Quel a été ton parcours de musicien et ce qui t’a conduit au trio T.I.M ?
Sébastien : Je suis un musicien autodidacte et ça fait longtemps que je suis au contact des musiques folkloriques et traditionnelles, plutôt d’Europe. Ce sont des musiques que j’ai beaucoup pratiqué à l’accordéon et j’ai découvert la musique traditionnelle scandinave il y a quelque temps, et en particulier la musique traditionnelle norvégienne lors d’un concert d’Erlend Apneseth, un joueur de Hardanger Fiddle. J’ai été complètement passionné par le son de cet instrument, la façon d’en jouer. C’était très différent de tout ce que j’avais entendu jusque-là et ça m’a attiré. Je connaissais Karoline depuis longtemps, on s’était croisés à Stockholm pour d’autres raisons, puis j’avais envie de travailler avec elle depuis un temps et cette curiosité pour la musique norvégienne nous a donné un prétexte. Je lui ai demandé si elle connaissait quelqu’un qui jouait du Hardanger Fiddle, ce violon traditionnel avec les cordes sympathiques et donc, elle m’a orienté vers Helga Myhr. Et voilà, on a commencé à travailler en trio, il y a de cela trois ans je dirais et puis les événements de la vie ont fait qu’Helga a dû se faire remplacer, mais est restée son empreinte dans le travail qu’on fait ensemble et son bagage autour des musiques traditionnelles norvégiennes qui sont très spécifiques. Pour l’anecdote, Helga vient d’une vallée où sa maman a fait du collectage de musiques traditionnelles, donc elle connaît très bien les musiques de cette vallée, les chants et le dialecte qui vont avec. C’est un contact qui est complément passionnant et je suis très chanceux.
Est-ce que ce sont les musiques traditionnelles norvégiennes ont été le point de départ du travail de composition ?
Sébastien : Je dirais que ça a été un élément, un angle d’attaque. Après pour ma part j’avais un désir d’écriture. J’entendais des choses par rapport à la lenteur, au minimalisme de l’écriture, à la connexion entre la voix et la musique, la voix et la voix chantée, qui me donnait envie de tenter des choses en termes d’écriture. Donc il y avait ce désir d’écriture avec les musiques de Norvège, puis ça faisait un moment que je travaillais à partir de bandes magnétiques, des cassettes ou des magnétos, et j’avais envie d’intégrer ça également dans une forme de musique de chambre en quelque sorte. Ce qui m’intéresse, c’est comment avec des instruments de musique de chambre et avec une musique assez écrite, on intègre des bandes magnétiques, des magnétos-cassettes, ce qui n’est pas la même chose pour moi que des samples qu’on intègre sur scène par exemple. Les samples sont numériques, via l’ordinateur, alors qu’avec les cassettes c’est analogique. C’est un geste qui est complètement différent. Donc c’est tout ça qui est allé dans le pot commun et qui nous a donné envie de créer cette musique.
Ce répertoire, qui est de la musique de création, comprend à la fois des sons qui relèvent de la musique improvisée et parfois de la musique folklorique. Quelles ont été les influences musicales, aussi amenées par Karoline et Inger dans ce projet ?
Sébastien : La composition était plutôt de mon fait. Il faut savoir que Karoline est une compositrice incroyable, elle a écrit pour quatuor à cordes, pour grand ensemble, c’est vraiment son job quoi mais ici elle s’est mise au service de mes propositions. Inger a fait tout le travail de recherche sur le placement de la voix et même l’architecture de la musique. Pour le travail d’écriture, je leur ai commandé des textes et je me souviens que dans les contraintes de l’imaginaire de départ j’avais très envie de travailler sur le regard de l’enfance. Donc chaque pièce, travaille le regard de l’enfance par une porte d’entrée différente. Que ce soit un rapport avec la naissance purement et simplement, un rapport avec le jeu, la curiosité envers les éléments naturels du monde, que ce soit la capacité à s’émerveiller face à un arbre qui se trouve de l’autre côté de la fenêtre. Les contraintes d’écritures étaient liées à ce thème de l’enfance et Karoline s’en est emparée. Quant à Inger, il faut savoir qu’elle a vécu pas mal d’années au Liban à Beyrouth et elle y a créé un grand réseau d’amitiés là-bas et toute une connaissance des musiques du Moyen-Orient. Elle a une bonne connaissance de ces musiques là et elle crée des ponts permanents entre ces musiques modales que sont les musiques du Moyen-Orient et scandinaves. Elle crée des ponts entre ces musiques d’apparence éloignées mais qui ne le sont pas tant que ça.
Il y a aussi quelque chose qui me frappe dans ces musiques là. La rationalité, les lignes droites, les angles droits sont complètement mis à rude épreuve dans la musique norvégienne. On a énormément de quart de tons, on a des notes qui ne sont pas exactement dans le pitch qu’on connaît dans la musique occidentale. Une note ne va pas forcément être jouée à la même hauteur, si la gamme monte ou si elle descend. Rythmiquement c’est la même chose, il va y avoir des choses qui sont très difficiles à capter au premier abord. Ça va sonner ovale, c’est très irrationnel et je pensais que cette ovalité était le propre de ces musiques du Moyen-Orient et en fait, pas que.
Que racontent les textes des morceaux ?
Sébastien : Ils racontent des histoires. Il y a la chanson “the tree song”, c’est une musique qui évoque l’arbre qui bouge tout doucement devant la fenêtre. C’est un morceau en norvégien, qui joue sur les sonorités. Il n’y a pas tant de textes que ça finalement. L’un d’entre eux, qu’on a emprunté, est une commande que j’ai faite à une amie qui s’appelle Catherine Cheng Morisson. Je lui ai donné comme point de départ d’écriture, le regard d’un enfant qui regarde pour la première fois des éléments naturels et comment il découvre ces éléments, sans en avoir les noms. Elle a appelé ça, ‘the riddles’, qui sont des sortes d’énigmes au final et il y en a sur le sable, le vent, l’eau, la neige. Infinite worlds’, c’est ce texte que Karoline et Inger, ont repris dans le dialecte d’Helga. Voilà, il y a un petit peu de tout ça. On a un texte d’Henri Michaux, qui parle d’habiter les secondes aussi. Et c’est la même chose avec les morceaux plus instrumentaux. Ces thématiques en restent le fondement. Après dans l’écriture, on a ajouté le fait de travailler avec des bandes. Moi j’ai mis des drums machines, des choses comme ça parce que je voulais confronter cette sorte de musique de chambre, avec violon et piano, avec des vieilles boites à rythmes. Ça, ce sont plutôt des apports plus esthétiques.
À qui s’adresse ce projet ? Dans quel état d’esprit doit venir le public ?
Sébastien : Je crois que l’idée, c’était de s’adresser aux enfants qui se cachent tous en nous. C’est plutôt ça notre démarche. Et pour ce qui est du public, qu’ils viennent apaisés. J’aime beaucoup raconter des histoires, les rencontres, d’où viennent les textes, quelle rencontre a décidé de quoi et j’aime en concert parler de ça. Donc c’est comme une veillée et on va se raconter des histoires.
Quelles sont vos attentes pour votre tournée en France et plus spécifiquement pour le concert à Avignon ?
Sébastien : On est sur deux tableaux. Le premier c’est qu’on a assez peu jouer ces musiques, donc on est ravis de pouvoir le faire et de les présenter à un maximum de personnes. Et puis, on va profiter d’avoir plusieurs dates pour essayer des choses et ajouter des choses. Quatre dates c’est pas beaucoup et en même temps, ça nous permettra d’ajouter des choses de date en date.
Pour conclure, veux-tu dire quelque chose à notre public ?
Sébastien : C’est avec grand plaisir qu’on va partager ce moment ensemble. C’est vraiment un grand grand plaisir.
T.I.M est à retrouver en live à l’AJMi, dimanche 16 novembre à 17h30. Le concert est précédé d’un goûter partagé dès 16h30. Concert accessible dès 3 ans. Réservations & infos depuis l’onglet Agenda.
Ce concert est organisé en partenariat avec l’AJC.